Post by filoo on Nov 13, 2015 0:10:10 GMT 2
Chez Jacques Brel, c'est en automne qu'on cueille les pommes, et les noyés.
Chez les cadreurs, c’était quand la bonne saison pour s'en aller glaner du cornouiller, au fin fond des bôééés ?
Je palpe et soupèse toute la puissance légendaire de cette pièce de bois mythique, et hop, j’entrevois les Herse ou les Carré s'en aller tailler du cornouiller au petit matin,
avec la serpette et l’Opinel, le litron-saussiflard glissé dans du papier journal, une gitane-maïs au coin des lèvres …
STOOOOP !
Finissons-en avec les légendes, une bonne fois pour toutes.
Car, comme pour le bois d’ébène, les raisons de fantasmer sur les pouvoirs magiques du bois de cornouille sont lointaines et profondes …
Bien enracinées. Une histoire de corne bien dure et de grosses couilles, apparemment !
En voici un aperçu très bien fait sur le site du Château d'Ailly
Attendez, c’est pas fini pour le WIKI, vous n’échapperez pas aux caractéristiques botaniques du « cornus mas » - notre cornouiller, le cornouiller mâle -,
à ne pas confondre avec le « cornus sanguinea » - l'autre cornouiller, le cornouiller sanguin, rougeoyant, qui produit du bois puant - , et qui donc oserait mettre un bout de bois qui pue dans sa fourche de vélo, hein ... Je vous le demande ?
La planche en-cycle-opédique :
(merci Wikipedia)
La fiche synthétique qui résume tout :
(je ne me souviens plus d'où ça sort)
Les belles photos de l'arbre, des fleurs et des fruits :
(merci Sylvestris.org)
Et maintenant passons aux choses sérieuses.
Il faut aborder les cornouillets épluchés, pré-tranchés, pré-découpés, pré-usinés en cylindres de diamètre constant, sans doute même correctement emballés.
Tels que les cadreurs devaient se les faire livrer par d’obscures et étranges fournisseurs ...
(les tourneurs de cornouillets ?, les débiteurs de cornouilles ?)
Etaient-ils façonnés en plusieurs diamètres, plusieurs longueurs ? À la demande ? Qui sait ?
En tout cas ils inspirent le respect et (pour certains) une pieuse fascination
(source BikeForums)
Laissons Tandem Noir nous essssspliquer, et remettre les pendules à l’heure:
(citation source Tandem Noir)
Houari nous en avait montré, lors d'une miraculeuse moisson, avec un tatouage qui ne trompe pas sur l’usage auquel ils étaient destinés.
Et du coup, on peut s'interroger sur l'appellation "cornouillet", plutôt que cornouiller ?
Ceux que je possède ne sont pas marqués.
Ils pourraient aussi bien provenir d'une filière d'approvisionnement pour d'autres usages (manches d’outils, cannes ou parapluies …etc.).
Car, comme on peut le lire dans Le Bouvet - La revue spécialisée des tourneurs sur bois -, les applications du cornouiller sont multiples:
Mais non, il s'agit bien là d'un authentique quintet de cornouillers pour fourches et pivots, car je les tiens d’un cadreur réputé (héhé), qui me les a cédé à prix d’or (hoho), après en avoir décuplé leurs pouvoirs magiques (hihi).
Sur la balance, ça dit 27 grammes.
Mais les 5 au grand complet pèsent 137 gr.
Faut donc croire que le cornouiller pèse en moyenne 27,4 grammes.
Soyons net et précis.
Question mensuration, ça donne du Ø20 mm x 85 mm de longueur.
Là, même si c’est approximatif, (parce que le pied à coulisse à déterrer, ce sera pour une autre fois !) on peut affirmer que c'est du petit calibre, hein ... Bon.
Dans le bol rempli d’eau, si j'y mets un manche de corde à sauter, ben il flotte.
Heureusement, sinon les petites filles des éclusiers (n'est-ce pas, grand Jacques), en voulant repêcher leur papa noyé, elles pourraient y laisser leur corde à sauter …
Alors que le cornouiller, lui, après une bancale hésitation, il tombe direct au fond, et il a tout l’air de s’y complaire.
Un conseil pour les bricoleurs résidant à proximité des chemins de halage: Ne fabriquez pas, pour vos fi-filles adorées, des manches de corde à sauter en bois de cornouiller !
Chez les cadreurs, c’était quand la bonne saison pour s'en aller glaner du cornouiller, au fin fond des bôééés ?
Je palpe et soupèse toute la puissance légendaire de cette pièce de bois mythique, et hop, j’entrevois les Herse ou les Carré s'en aller tailler du cornouiller au petit matin,
avec la serpette et l’Opinel, le litron-saussiflard glissé dans du papier journal, une gitane-maïs au coin des lèvres …
STOOOOP !
Finissons-en avec les légendes, une bonne fois pour toutes.
Car, comme pour le bois d’ébène, les raisons de fantasmer sur les pouvoirs magiques du bois de cornouille sont lointaines et profondes …
Bien enracinées. Une histoire de corne bien dure et de grosses couilles, apparemment !
En voici un aperçu très bien fait sur le site du Château d'Ailly
La littérature et la mythologie grecques et latines citent fréquemment le cornouiller et son fruit. La lance avec laquelle en la fichant dans le sol Romulus marqua les limites de la première Rome était en cornouiller. La légende dit que la lance prit racine et que sept cents ans plus tard, sous Tibère, se dressait encore sur le mont Palatin un énorme cornouiller.
Le cheval de Troie passe pour avoir été fait de bois de cornouiller, comme aussi l’arc d’Ulysse, comme encore bien plus tard la lance de saint Georges avec laquelle il terrassa le dragon. Lorsque Tirésias fut rendu aveugle pour avoir vu la déesse nue, les dieux le munirent d’un bâton de cornouiller. Quand les dieux s’invitent à dîner chez les vieillards Philémon et Baucis, c’est un plat de cornouilles qu’ils se voient servir.
Plus près de nous, le bois de cornouiller servit à faire des manches d’outils, des échasses, des engrenages. Dans le Roannais, un historien local m’a dit avoir lu dans des archives que les forgerons ne pouvaient se faire rembourser un manche cassé que s’il était en cornouiller, tant sa réputation de solidité était établie. En Allemagne, en Autriche, les enfants avaient coutume d’utiliser des branches de cornouiller pour jouer à l’épée. En Saxe, les seconds dans les duels devaient par tradition être munis d’une canne en cornouiller. En Thuringe, les cannes de promenade étaient de cornouiller.
Le cheval de Troie passe pour avoir été fait de bois de cornouiller, comme aussi l’arc d’Ulysse, comme encore bien plus tard la lance de saint Georges avec laquelle il terrassa le dragon. Lorsque Tirésias fut rendu aveugle pour avoir vu la déesse nue, les dieux le munirent d’un bâton de cornouiller. Quand les dieux s’invitent à dîner chez les vieillards Philémon et Baucis, c’est un plat de cornouilles qu’ils se voient servir.
Plus près de nous, le bois de cornouiller servit à faire des manches d’outils, des échasses, des engrenages. Dans le Roannais, un historien local m’a dit avoir lu dans des archives que les forgerons ne pouvaient se faire rembourser un manche cassé que s’il était en cornouiller, tant sa réputation de solidité était établie. En Allemagne, en Autriche, les enfants avaient coutume d’utiliser des branches de cornouiller pour jouer à l’épée. En Saxe, les seconds dans les duels devaient par tradition être munis d’une canne en cornouiller. En Thuringe, les cannes de promenade étaient de cornouiller.
Attendez, c’est pas fini pour le WIKI, vous n’échapperez pas aux caractéristiques botaniques du « cornus mas » - notre cornouiller, le cornouiller mâle -,
à ne pas confondre avec le « cornus sanguinea » - l'autre cornouiller, le cornouiller sanguin, rougeoyant, qui produit du bois puant - , et qui donc oserait mettre un bout de bois qui pue dans sa fourche de vélo, hein ... Je vous le demande ?
La planche en-cycle-opédique :
(merci Wikipedia)
La fiche synthétique qui résume tout :
(je ne me souviens plus d'où ça sort)
Les belles photos de l'arbre, des fleurs et des fruits :
(merci Sylvestris.org)
Et maintenant passons aux choses sérieuses.
Il faut aborder les cornouillets épluchés, pré-tranchés, pré-découpés, pré-usinés en cylindres de diamètre constant, sans doute même correctement emballés.
Tels que les cadreurs devaient se les faire livrer par d’obscures et étranges fournisseurs ...
(les tourneurs de cornouillets ?, les débiteurs de cornouilles ?)
Etaient-ils façonnés en plusieurs diamètres, plusieurs longueurs ? À la demande ? Qui sait ?
En tout cas ils inspirent le respect et (pour certains) une pieuse fascination
(source BikeForums)
Laissons Tandem Noir nous essssspliquer, et remettre les pendules à l’heure:
(citation source Tandem Noir)
Le pivot de fourche est une pièce maîtresse pour la sécurité du tandem. Les cas de rupture au niveau du tube pivot existent malheureusement même s'ils ne sont pas fréquents. Or une rupture du pivot est très grave si elle survient brutalement. Généralement, elle survient par fatigue au niveau de l'encastrement du jeu de roulement inférieur de la direction, là où la fourche s'encastre dans le cadre. Si les fourreaux ne sont pas suffisamment souples (cas des fourches droites rigides), les efforts de flexion sur la fourche sont reportés dans cette zone. Si en plus, la portée du roulement est usinée sans rayon de raccordement ou si la section du pivot est insuffisante, cette zone fatigue. Sous les coups redoublés des déformations de la route (trous et bosses), des freinages ou autres sollicitations, une fissure va s'amorcer puis croître jusqu'à la rupture finale.
Jadis, on montait à force à l'intérieur du pivot un morceau de cornouiller. Ce bois très dur évitait la rupture finale brutale. De nos jours, son emploi est tombé en désuétude. La conception des fourches a réalisé des progrès.
Jadis, on montait à force à l'intérieur du pivot un morceau de cornouiller. Ce bois très dur évitait la rupture finale brutale. De nos jours, son emploi est tombé en désuétude. La conception des fourches a réalisé des progrès.
Houari nous en avait montré, lors d'une miraculeuse moisson, avec un tatouage qui ne trompe pas sur l’usage auquel ils étaient destinés.
Et du coup, on peut s'interroger sur l'appellation "cornouillet", plutôt que cornouiller ?
Ceux que je possède ne sont pas marqués.
Ils pourraient aussi bien provenir d'une filière d'approvisionnement pour d'autres usages (manches d’outils, cannes ou parapluies …etc.).
Car, comme on peut le lire dans Le Bouvet - La revue spécialisée des tourneurs sur bois -, les applications du cornouiller sont multiples:
En France, le cornouiller pousse principalement en Lorraine, dans le Jura, les Alpes, le Centre et l'Ouest. Il donne un bois légèrement rosé, dense et dur, résistant et adhérent. Sa densité est de 0,95. Le cornouiller est utilisé pour la réalisation de dents d'engrenages, de navettes et sabres de chasse, de métiers à tisser, de manches d'outils de forge, de cannes et de parapluies…
Mais non, il s'agit bien là d'un authentique quintet de cornouillers pour fourches et pivots, car je les tiens d’un cadreur réputé (héhé), qui me les a cédé à prix d’or (hoho), après en avoir décuplé leurs pouvoirs magiques (hihi).
Sur la balance, ça dit 27 grammes.
Mais les 5 au grand complet pèsent 137 gr.
Faut donc croire que le cornouiller pèse en moyenne 27,4 grammes.
Soyons net et précis.
Question mensuration, ça donne du Ø20 mm x 85 mm de longueur.
Là, même si c’est approximatif, (parce que le pied à coulisse à déterrer, ce sera pour une autre fois !) on peut affirmer que c'est du petit calibre, hein ... Bon.
Dans le bol rempli d’eau, si j'y mets un manche de corde à sauter, ben il flotte.
Heureusement, sinon les petites filles des éclusiers (n'est-ce pas, grand Jacques), en voulant repêcher leur papa noyé, elles pourraient y laisser leur corde à sauter …
Alors que le cornouiller, lui, après une bancale hésitation, il tombe direct au fond, et il a tout l’air de s’y complaire.
Un conseil pour les bricoleurs résidant à proximité des chemins de halage: Ne fabriquez pas, pour vos fi-filles adorées, des manches de corde à sauter en bois de cornouiller !