Il va nous falloir maintenant évoquer les aléas climatiques. Mois de juin quasi caniculaire, ensoleillement maximum jusque ici.
Alors que je poste mon bulletin de participation juste à temps pour que ça arrive au dernier moment, sauf grève de la Poste, je me prends à rêver d'un Anjou Vintage sous le soleil par une température agréable.
Mais la petite voix qui rabat (la rabat-joie, vous l'aviez reconnu) me susurre qu'il a toujours fait un temps moyen à carrément dégeu et qu'il n'y a pas de raison que ça change. Et les prévisions, que l'on a du mal à prendre au sérieux une semaine auparavant quand il fait 35°C, disent de même.
Le samedi matin, il flotte. Les prévisions étaient bonnes. D'un autre côté, le jardin est tellement sec et les réserves d'eau tellement au plus bas que ce n'est pas forcément un mal. Pour cycler par contre...
Cette année nous décollons suffisamment tôt pour ne pas avoir à tout faire au pas de course et voir un peu le village. Au début le ciel nous dévoile ses capacités à produire toutes les nuances possibles de gris. C'est peut être pour ça d'ailleurs que la région demande son rattachement à la Bretagne?
Puis ça se met à tomber de plus en plus dru. Si nous étions en Bretagne on s'en fouterait car la pluie ne tombe que sur les cons, mais là on s'en tape car la voiture est quasi étanche.
Et puis c'est vitré, pour admirer cette fois toute l'étendue de la connerie humaine au volant, surtout sur la levée de la Loire où les autochtones ont autre chose à faire que de rouler derrière les touristes qui respectent les limitations de vitesse.
Arrivés à Saumur, petite nouveauté, les rues sont barrées avant le pont Cessart (du nom de son concepteur Louis-Alexandre de
Cessart)
saumur-jadis.pagesperso-orange.fr/lieux/pontcess.htmA l'instar du Pont de Pirmil à Nantes, du Pont Dumnacus aux Ponts-de-Cé, ce pont a une histoire riche mais ce n'est peut être pas le lieu pour se pencher sur la question.
C'est d'ailleurs dommage car le pont est un lieu de passage, un lieu d'échanges, de péage et souvent de conflits entre meuniers et mariniers.
saumur-jadis.pagesperso-orange.fr/recit/ch17/r17d9meu.htmOn a du mal de nos jours à imaginer que ce fleuve désert était le théâtre de tant d'activité. En ce qui concerne la marine de Loire, je ne peux que vous encourager à visiter le musée de Chateauneuf-sur-Loire :
www.musee-marinedeloire.fr/museeA l'heure où il est question d'attachement régional historique, pourquoi oublier systématiquement l'identité ligérienne? "Si manants sur terre, seigneurs sur eau nous sommes" disaient ceux que les terriens nommaient "chie-dans-l'iau".
Une recherche avec "chie dans l'iau" sur gougoule renvoie vers le livre "La Loire Belle et Rebelle" qui illustre le propos bien mieux que je ne pourrais essayer de le faire.
Fermons la parenthèse pour revenir à nos moutonses.
Donc route barrée qui oblige à se garer sur l'Ile d'Offard et se taper le reste à pinces sous la flotte. Habituellement je suis équipé pour affronter les conditions les plus extrêmes, mais le changement c'est maintenant et donc j'ai fait l'impasse. Veste à membrane du futur qui fut étanche avant d'intégrer la brigade des équipements de jardin après 5 ans de bons et loyaux services et pompes bateau avec 200 000 bornes au compteur.
Le temps de rejoindre à pieds l'artère centrale distante de quelques centaine de mètres en essayant de se protéger sous le moindre débord de façade que nous sommes déjà passablement trempés. Après franchissement du pont, nous ruisselons et mon équipement de fortune prend l'eau de toutes parts.
Heureusement, natifs de Normandie et du coin, nous avons les gènes pour ne pas craindre de fondre. Puis il faut se souvenir qu'il ne pleut que sur les non-comprenant (c'est de la nov'langue).
Dans ces conditions, les vertus du village sont essentiellement composées de l'abri que les diverses tentes vides procurent. La librairie était attirante, mais l'eau et le papier ne font pas bon ménage. Détours par l'Hôtel de Ville pour retirer la besace habituelle et les bracelets, précieux sésames qui nous ouvriront les portes des ravitaillements le lendemain puis nous rebroussons chemin.
De retour sur le pont, nous remarquons alors seulement les barnums des brocanteurs qui ont été parqués sur le quai en contrebas. Demi-tour, on y retourne. De toutes façons, un peu plus ou un peu moins trempés ça ne change plus grand chose pensions-nous.
Descendant la rue en contrebas de la place du théâtre où siégeait le village, puis les marches, nous avons l'impression d'atteindre le fond des douves, pas loin du cul-de-basse-fosse. Sensation renforcée par les multiples ouvrages collecteurs d'eau de pluie qui se déversaient à cet endroit pour ruisseler jusqu'au fleuve en traversant l'étroite plateforme en devers.
Les conditions ne sont pas idéales pas demeurer sur les lieux et rien n'attire mon œil, excepté ce Gitane en Reynolds 5/10e avec patte de numéro tout en Campa. Je m'adresse à la personne emmitouflée dans son manteau qui veille sur les pièces juste à côté mais ce vélo ne lui appartient pas. Faudrait voir l'autre stand.
Les mini torrents qui ruissèlent sur mes pompes finissent par avoir raison de mon insouciance aux éléments extérieurs et non décidons de lever le camp pour aller se mettre au sec.