J'ai eu l'occasion de voir ce vélo de près dans l'atelier, ainsi que de causer un peu avec Antoine, son proprio.
Très sympa. Très content de la géométrie ainsi que du comportement de son vélo !
Il est à l'origine de tous les choix de finition et de composants.
Certains n'ont pas été évidents pour Daniel et Ben, notamment les sifflets à double courbure, mais ils se sont pliés - sans difficulté, c'est appréciable - à la demande. C'est dire qu'il n'y a pas de figure de style imposée chez Le Batard, qu'on est vraiment dans le sur-mesure, à la carte, et c'est tant mieux !
Cela peut paraître curieux toutes ces citations "old school", sur un tel cadre soudo-brasé, ou certains composants basiques, comme la tête de fourche,
mais là aussi, c'était le choix du client !
Évidemment, les choix de finitions du cadre ont un impact sur le devis, et comme tous les accessoires rapportés sont à la charge du client...
On peut comprendre certains choix.
Sans vouloir remettre en cause les choix de départ, cela me permet de tirer quelques leçons pour Mapomme !
Pour moi donc, je ne chercherai pas à composer un randonneur en référence à ce fameux âge d'or de la haute-couture du Cycle Français,
tout droit sorti des concours de machines, des polymultipliées, ou plus simplement copié du Golden Book dont je ne citerai pas le nom ...
Exit la bagagerie en toile, les cantis, mafac, porte-pompes, filets et autres fignoleries, qui relèvent du patrimoine, de l'imitation ou de la nostalgie, dans bien des cas.
Je n'accumulerai pas non plus les styles et ne mélangerai pas les langages.
Le randonneur, je le vois plutôt sobre et efficace. Athlétique mais taiseux, tendance ascétique.
Daniel Hanart excelle dans le soude-brasé fluide et tendu. Je ne lui demanderai donc pas de limer des plaquettes aux extrémités des haubans, ni de braser des plots ou des attaches partout, ni de rapporter une tête de fourche décorative sur des fourreaux.
J'ai lu dans les commentaires, sur le site Facebook Le Batard, que le travail des haubans croisés "s'apparentait à du Routens" !
Voilà un extrait du Golden Book (toujours lui !) qui montre que, pas vraiment.
L'enveloppé se fait au plus près du tube, chez Routens, avec beaucoup moins de matière, et démarre bien plus bas. Ce qui donne cette impression de légèreté et de "moins pâteux". Pâteux accentué, chez DH, hormis le laquage, par ce choix d'incurver les plaquettes, ce qui à mon sens vient en pure contradiction.
(source: Golden Age of Handbuitt Tralala)
(source www.facebook.com/Le-Batard-custom-cycles-108534113644/)Un autre extrait qui montre les accroches des porte-bagages, chez Herse, sur les pattes arrières. Bien sûr, c'est le top, des pattes maison ...etc.
Mais cela permet de voir que c'est mieux résolu que sur les pattes du vélo d'Antoine, où les vis de fixation des méplats sur les oeillets taraudés ne sont pas exactement centrés de la même manière d'une tige à l'autre, et que les arrondis sont approximatifs.
Pinaillage ? Sans doute, mais quand on sait que les pattes ne seront pas chromées (trop de mauvaises expériences avec le chrome chez eux),
on essaie d'éviter les points de contacts, sources d'encrassage et de corrosion.
Après avoir montré cette image à Ben, il m'a expliqué que le cavalier avec boulonnage traversant était réalisable...
Moyennant l'usinage d'une patte maison découpée au laser (possible, mais surcoût) et un éventuel frottement avec les cassettes compactes d'aujourd'hui
(hé oui, hors de question de rouler vintage sur un vélo neuf, hein !) ...
(source: Golden Age of Handbuitt Patati ...)
Ce que j'aime beaucoup sur ce vélo, ce sont les entrées-sorties de gaine pour les passages internes des câbles, pratiquement fondues, noyées dans les tubes
Cela fait partie de la signature de Daniel Hanart
Autre chose que j'aime bien: La potence de chez Velo Orange ! (beaucoup de matos Grand Cru ou Grand Bois sur ce vélo ...)
Mais revenons à nos moutons ...
Image subliminale à persistance rétinienne ni crédible ni transposable, mais foutrement bandante N°2Graeme Obree, l'un de ses
premiers derniers vélo (2009), bricolé à souhait, sans limites ni retenues, tendu vers l'objectif !
Sans pitié avec l'héritage des cadreurs spécialistes, sans respect pour la moquette du salon ...
Mais quel chic, l'accord du violet avec le sticker Reynolds !